A la fin des années 1980, une autre expérience a été conduite par Jean Pierre Feugnet visant à conserver des œufs ou des naissains en l'état, pendant plusieurs mois, avant leur mise en éclosion ou en  croissance. Appelé "report", ce procédé permettrait de décaler la période de reproduction vers l'automne ou même l'été et de garantir l'approvisionnement en nouveaux-nés au printemps suivant, en évitant des problèmes éventuels liés au "flux tendu" de la reproduction printanière.

 

LE « REPORT» DES ŒUFS OU DES JUVENILES ESCARGOTS, LEUR CONSERVATION DANS LE TEMPS - Jean Pierre Feugnet - 2013

C’est en faisant des comptages d’escargots petits gris naturellement présents dans les vignes en mars 1983 que j’ai pu constater la présence de juvéniles ayant la taille d’escargots nouvellement éclos. J’avais, par ailleurs, plusieurs fois découvert des œufs d’escargots légèrement verdâtres, en extérieur, au sol, sous des tas de bois en hiver ; janvier, février. Ceci répondait à une question : pourquoi la présence de juvéniles dans les orties proches du tas de bois au mois de mars avril, les années précédentes ? Dans la nature, dans notre région, la ponte de l’escargot ne peut s’effectuer qu’au plus tard, fin septembre, début octobre aux meilleurs des cas.
Question ? Comment se sont donc conservés les œufs ou les juvéniles pour apparaître, dans la végétation, en mars avril de l’année suivante ? Comment ont-ils hibernés, sous quelle forme et dans quelles conditions ?
Ce sera l’objet des essais que j’ai entrepris en 1985, 1986 et 1987.

report 1       report 2
Compte rendu de JP Feugnet du 12 septembre 1986       Compte rendu de M Barabé du 19 avril 1987

 

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Les essais que j’ai menés par la suite sur la conservation des juvéniles et des œufs portant sur des conservations plus courtes 4/5 mois entre 4°c/ 6°c dans les pots de pontes ont montré :
- Qu’il était possible de conserver des juvéniles incubés, à peine formés, mais encore en grappe ; conservation sur plus de 5 mois tout en sachant que la mortalité augmente avec la durée. Cette méthode reste malgré tout délicate, choix du moment de la mise au froid et demande de la place en incubation et du volume de stockage en chambre froide.
- Plus simple, malgré les réticences de M JL Vrillon (Directeur INRA du Magneraud) à l’époque, est la conservation des œufs sitôt pondus stockés dans leur pot de ponte directement en chambre froide (4/6°C). La terre entourant les œufs stabilise les échanges thermiques, donc hydriques de l’espace entourant la grappe et lisse ainsi, par son effet tampon, les courbes de températures et d’hygrométries en dents de scie dues au delta T° du thermostat de la chambre froide.
C’est par cette méthode d’hibernation des œufs qu’au début des années 2000, des pontes du mois de décembre au mois de mars suivant, dépotées sur le lieu de conservation pour éliminer la terre, regroupées par lots de 50kg à 200kg arrivaient à l’aéroport de Bordeaux/Mérignac pour être incubées à St Bonnet (17). 

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